samedi 17 mars 2007

La rue de Saint Malo - revival !




Du temps de Colbert, les juges royaux ayant signalé une nette croissance de la prostitution à Brest, les " filles de mauvaise vie " (souvent des femmes seules, rejetées par leur famille et n’ayant que ce choix pour ne pas mourir de faim) transférées à la prison de Pontaniou, sont enfermées dans un nouveau bâtiment appelé " La Madeleine " ou refuge royal, dont la direction est confiée aux sœurs Saint-Thomas de Villeneuve. Ce bâtiment était à l’emplacement de ce mur qui sépare aujourd’hui la rue de Saint-Malo du Cours de la Madeleine :
En entrant au refuge Royal, elles étaient marquées au fer rouge de la fleur de lys. Elles étaient brutalisées comme l'usage le voulait à cette époque où les mauvais traitements prétendaient guérir tous les maux de la société, elles étaient ensuite utilisées pour tanner des voiles pour la Royale. Certaines de ces femmes étaient là parce que leurs familles voulaient se débarrasser d’elles parce que leur vie n’était pas conforme aux mœurs en usage. On trouvait la prison d’un côté, l’autre partie était un orphelinat pour recueillir les veuves d’officiers qui n’avaient plus de ressources ou les femmes dont on ne savait plus quoi faire, malade mentales entre-autres. Le roi les pensionnait, elles étaient aussi enfermées, pas de la même façon que les prostituées, mais enfermées néanmoins.



La belle Tamisier, bru du tambour-major de la ville, y est enfermée en 1782 pour cause de mauvaises moeurs. Elle dit « si on m’enferme ici, je ferai mon carnaval » et dix jours après elle y met le feu, le dimanche des Gras elle fait brûler l’édifice. 31 femmes dont 4 religieuses périrent dans les flammes. Encore un évènement qui a dû contribuer à la bonne réputation du quartier...
La rue est demeurée populaire au fil du temps, royaume des marins, des filles, de l’alcool…puis des ouvriers et des marginaux, c’est le quartier le plus pauvre de la ville.




Pendant la seconde guerre mondiale, les premiers bombardements de la ville commencent en 1941 et dureront jusqu'à la libération en septembre 1944 par les troupes américaines après un siège de 43 jours. Il ne restait alors, plus rien du vieux Brest mais la rue Saint Malo a résisté aux bombes. Cela ne fera que contribuer à sa marginalisation, "comme si tout Brest était contre cette rue, cette saleté, cette blessure. Comme si le peu qui reste de la ville devait être détruit pour oublier", explique Ramin Fardad. Au fur et à mesure des ans, les maisons du bas-quartier n'accueilleront plus que les eaux de pluie, la moisissure, quelques paumés, des personnes âgées ou des couples peu fortunés qui vécurent là jusque dans les années 50, avant d'être relogés. L'eau courante et le gaz sont installés puis retirés au fur et à mesure des abandons. Dans les années 70, diverses associations s'y installent, autrefois les néonazis, aujourd'hui les anarchistes ou encore l'association Vivre La Rue qui se bat pour faire revivre le quartier à coup de festivals et spectacles de rue. C’est tout ce qui reste du patrimoine Brestois et il est impératif de préserver cet endroit plein de charme.



Aujourd’hui, les choses semblent enfin prendre forme concrètement et la réhabilitation est en marche :
« Un chantier de consolidation et de rénovation des maisons est en préparation. Il pourrait démarrer cet automne. L'aménagement d'ateliers d'artistes, de logements et d'un petit théâtre est toujours en projet.
La célèbre rue de Saint-Malo s'apprête à faire peau neuve. Les belles et vieilles maisons (une quinzaine) devraient bientôt être restaurées et surtout consolidées. Il y a, en effet, urgence. La disparition des anciennes couvertures en ardoise ou en zinc fragilise ces bâtiments. La terre argileuse des mortiers est régulièrement lessivée par les eaux de pluie. Cette vaste rénovation a été confiée à Xavier Barruhet, originaire du Doubs, domicilié à Gaël en Ille-et-Vilaine. Diplômé de l'école d'architecture de Paris et spécialiste de bio-construction, il est l'un des membres de l'association « archi-bio ».
Le chantier devrait pouvoir démarrer dans le courant de cet automne. Il durera, au minimum, de quatre à six mois. Il s'agira, tout d'abord, de retirer les végétaux plus qu'envahissants. « En parallèle, démarrera une période d'observation et de surveillance, afin d'évaluer l'évolution des constructions de la rue. » Les éléments stables seront, bien sûr, protégés. Ceux jugés instables (certains pignons, des cheminées) seront démontés et reconstruits si possible, vers le début du printemps 2007. Les matériaux traditionnels seront généralisés, notamment les mortiers de terre ou de chaux. En parallèle, des travaux de couverture seront entrepris aux numéros 19, 23 et 25.
Outre cette importante tranche de travaux, Xavier Barruhet et les membres de l'association « Vivre la rue » ont toujours une autre idée en tête. Ils veulent redonner une nouvelle vie à ce célèbre quartier brestois, jouxtant le plateau des Capucins. Un dossier a été présenté en juillet à l'architecte des bâtiments de France, puis à la rentrée aux élus. L'idée est d'aménager des ateliers d'artistes ou des galeries d'art au rez-de-chaussée des maisons, et de créer des logements dans les étages. La construction d'un petit théâtre de 80 places est, par ailleurs, envisagée au numéro 19. Il serait dédié aux petits spectacles et aux répétitions.
Le bio y sera omniprésent : récupérateurs d'eau de pluie, W-C secs, panneaux solaires... « On pourrait faire de ce quartier un lieu de formation aux techniques bio, unique en France. » Les élus semblent être intéressés. « À eux maintenant de donner l'impulsion. C'est à eux de décider de faire ou de ne pas faire. Nous pourrions très bien travailler main dans la main avec Bruno Fortier, l'architecte choisi pour réaménager les Capucins. » Xavier Barruhet estime que son dossier « avance bien. Jacques Quillien, maire-adjoint de Saint-Pierre, et l'architecte des bâtiments de France y voient un réel intérêt ». L'objectif est de réinjecter de la vie rue de Saint-Malo.
Yves-Marie ROBIN. http://www.brestmaville.com/ »


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Lire le blog en entier, pretty good