vendredi 30 mars 2007

Bijou d'animation

J'aime beaucoup les films d'animation avec des personnages en pâte à modeler. C'est toujours gai et coloré.
Ma copine Soaz, qui est une femme de goût, m'a fait découvrir cette petite merveille de poésie accompagnée par la musique de Verdi, alors c'est avec bonheur que je vous invite à un voyage dans l'imaginaire gourmand d'un artiste que je n'ai pas le bonheur de connaître. Enjoy !

http://www.dailymotion.com/video/xp7vr_verdi-traviata-choeur-bohemiens

lundi 26 mars 2007

Bon anniversaire Slava !


Demain il aura 80 ans, alors je voulais juste lui rendre un petit hommage ;-)
Brahms, Double concerto op. 102 :
Haydn, Concerto pour violoncelle :


dimanche 25 mars 2007

Rural ou urbain ?

Je ne résiste pas... d'ailleurs on me l'aurait raconté, je ne l'aurais pas cru, ce n'est pas possible d'être aussi stupide, si ?

http://video.google.fr/videoplay?docid=-4588890609282676765

La Flûte Enchantée - Kenneth Branagh




J’aime Kenneth Branagh, depuis longtemps, depuis le début à vrai dire… J’aime ses films, sa biographie (écrite alors qu’il avait à peine 28 ans), je rêve de le voir au Théâtre (un jour j’irai à Londres juste pour cela). J’aime son œuvre en général, son goût pour la musique (il en met partout, il a même adapté Peines d’Amour Perdues de Shakespeare en comédie musicale - curieusement c’est ce film que j’aime le moins, je le trouve trop « agité » et pas vraiment crédible) et son humour ravageur qui transpire dans tout ce qu’il fait et dont je me régale dans les rares interviews que l’on peut voir en France. Cet humour n’est sans doute pas étranger à son talent pour adapter les pièces de Shakespeare, j’ai toujours trouvé que même dans ses drames les plus noirs celui-ci mettait une touche d’humour, le grand Will était un petit comique (si, si !) doté d’une capacité rarement égalée d’analyse de la nature humaine.

Sa dernière création (ou du moins la dernière diffusée en France, il vient d’adapter « Comme il vous plaira » de Shakespeare, avec Kevin Kline, mais il n’est pas encore diffusé ici à ma connaissance) est ambitieuse, rien de moins que l’adaptation d’un opéra, chef-d’œuvre de WA Mozart, « La Flûte Enchantée ». Evidemment je me suis précipitée au cinéma, les films de Branagh ne restant jamais très longtemps à l’affiche dans ma bonne ville où ils peinent à trouver leur public. Mon impression est mitigée, j’ai trouvé le décor un peu kitsch, mais c’est souvent le cas pour les opéras, un peu glauque aussi, transposer l’action pendant la première guerre mondiale enlevait un peu de merveilleux à l’histoire et les mouvements de caméras, si chers à Ken me donnaient parfois un peu le tournis…

La bande annonce du film : http://video.google.fr/videoplay?docid=-843827865469884846&q=la+flute+enchantee%2Bbranagh

Quelques extraits :
http://www.youtube.com/watch?v=QGRDlXFFHzA
Sur le site des films du Losange : http://www.filmsdulosange.fr/fr_a_laffiche_flute.php

Mais globalement c’est bien fait, c’est toujours le remarquable directeur d’acteurs que l’on connaît et le casting des acteurs-chanteurs est magnifique, même si la profusion de gros plans les dessert un peu, leur chant les contraignant à quelques contorsions buccales pas forcément esthétiques. Branagh a gommé la plupart des symboles maçonniques de l’œuvre originale (je ne sais pas pourquoi) mais si on cherche bien on en trouve encore quelques-uns.

Je me suis tout de même laissée emportée, par le talent du metteur en scène, son humour (encore), son goût du merveilleux, et la beauté de la musique (Wolfgang, tout de même ce n’est pas de la roupie de sansonnet !), j’ai découvert grâce à ce film une basse remarquable, René Pape, qui interprète avec brio et un charisme fou le rôle de Sarastro.

Le site officiel de René Pape : http://www.renepape.com/

Pour l'écouter chanter un extrait de la Flûte Enchantée au théâtre (bonjour les costumes !) c'est par ici : http://www.youtube.com/watch?v=oeP0NOPAIys

dimanche 18 mars 2007

Ouverture officielle !


Bonjour et bienvenue à tous ! Aujourd'hui CHAMPAGNE, puisque nous fêtons l'ouverture officielle de ce nouvel espace.
N'allez pas croire que je serai tous les jours aussi prolifique qu'hier, non. J'ai simplement amené avec moi la plupart des billets que j'avais écrit ailleurs, je voyage toujours avec ma maison sur mon dos, comme un escargot.
Alors pour faire connaissance je vous propose un petit test de personnalité original (visuel, ça change !), désolée pour les anglophobes c'est dans la langue de Shakespeare...
Mes résultats :
A vous de jouer !

samedi 17 mars 2007

Tri

La semaine dernière j’ai jeté la moitié de ma vie. Ce ne sont pas des choses que l’ont fait sans douleur…

D’un point de vue administratif il était plus que temps de le faire, mon placard ayant tendance à ressembler quelque peu à l’antre d’un malade atteint du syndrome de Diogène, tout y était mais en piles branlantes, les années mélangées par des chutes intempestives… Dix ans de bulletins de paye et autres relevés bancaires à classer, sans cesse remis aux prochaines vacances, à quand j’aurai le temps, à un jour où il fera moins beau, bref aux calendes grecques.
22 ans dans l’administration dégoûteraient n’importe qui de la paperasserie, mais quand il faut s’atteler à l’ouvrage ça donne une certaine facilité pour venir à bout de la corvée, quelques heures plus tard tout était classé dans de jolies chemises elle-même rangées dans un carton de 30cm².

Emportée par ma folie ménagère je me suis alors attelée au courrier perso, et là ce fut beaucoup plus difficile. Adieu les cartes d’anniversaire d’amis oubliés, les souvenirs de voyages des uns ou des autres, je n’ai décidément pas l’âme d’une collectionneuse.
Faire le tri dans les lettres aussi, garder celles de l’ami d’enfance qui me font toujours autant rire, jeter celles de l’amour perdu parce qu’enfin le temps à fait son œuvre et que son écriture de pattes de mouche n’a plus le don de m’émouvoir, garder celles de mon père décédé, rares et d’autant plus précieuses, parce que c’était une plume et que c’était le seul vecteur par lequel il savait vraiment exprimer ses sentiment, il m’en a coûté bien des larmes de les relire…

Garder celles de l’ami qui s’est suicidé, celles-là sont des pépites d’humour et d’intelligence, je ne sais si je pourrai avoir un autre ami comme lui…
Garder celles de mon « père spirituel », celui qui m’a vraiment donné confiance professionnellement, quand je les relis, je revois ses yeux rieurs, son sourire parfois ironique mais toujours chaleureux, je ressens le tremblement de sa main et revois la larme discrète dans ses yeux quand il m’a dit adieu, sans préavis, pour ne pas que je lui organise de fête pour son départ en retraite.

Jeter celles des correspondants du monde entier, qui sont passés comme des étoiles filantes, avec leurs histoires tristes ou gaies, leurs motivations parfois saugrenues pour correspondre, certaines personnes sont tellement seules qu’elles vont chercher à l’autre bout du monde des gens pour leur faire la conversation. D’autres veulent se marier, la perspective d’un visa facilement acquis n’est pas étrangère à ce besoin d’exotisme. Certains ont la passion des voyages, ils cherchent des pied-à-terre, ou alors ils sont collectionneurs, en timbres, poupées folkloriques, boule à neige ou bien cartes postales. Certains sont curieux tout simplement, mais je n’arrive pas à suivre leur cadence d’écriture, parfois je me demande si je suis la seule au monde à bosser, le soir je suis vidée, je n’ai pas le temps d’écrire des lettres de 4 pages en anglais sur les élevages de moules dans le golfe du morbihan…

Qu’est-ce que c’est une vie finalement ? Quelques mots jetés sur du papier et des souvenirs…
Que restera-t-il de moi dans quelques années, quand les autres auront fait le tri dans leur vie, un éclat de rire, un regard noir, un baiser dans le cou ?

…un soupir.

Amy Winehouse

Un petit clip pour réchauffer vos matins pluvieux ?

http://www.youtube.com/watch?v=LD5sahXoj0U

Amy Winehouse est une de mes découvertes récentes, j'ai été conquise immédiatement par sa voix chaude et puissante et les rythmes soul de ses musiques. J'ai l'impression de retrouver les frissons du temps de la Motown (un temps que les moins de vingt ans...blablabla).

Son site officiel : http://www.amywinehouse.co.uk/

Les Histrions (détail)



Parce que le théâtre ça peut parfois être tellement, foisonnant, baroque, improbable, étonnant…j’ai aimé les Histrions et leur mise en scène extraordinaire, tout en mouvement et en rapidité.
Mais parce que ça peut parfois être tellement loufoque, tellement abracadabrant, tellement remuant, tellement…fatigant ! Parce qu’on est toujours tellement mal assis et que des journées de boulot de 12 heures ne prédisposent pas à passer trois heures dans un théâtre, je suis partie à l’entracte, sans regret, avec un sourire aux lèvres et beaucoup d’admiration pour la prestation des acteurs ;-).


Ce texte est tout de même incroyable, j’aimerais beaucoup le lire et connaître la suite de la genèse selon Marion Aubert, savoir ce qu’il adviendra de l’Homme Sécateur, de la Vieille du Premier Rang, de l’Homme né d’une boule de Noël et du Jardinier Céleste, le fils trop bien aimé d’Eve (qu'elle vômit sur la table après qu'il eût exploré les méandres de son colon et de son oesophage en se frayant un passage avec sa petite épée) restera-t-il diabolique ou redeviendra-t-il Jésus ?

Un extrait pour vous faire percevoir l’atmosphère :


"L'HOMME PRATIQUE : A ce moment-là, les portes du théâtre se mettraient à trembler, et l'armée des gueux viendrait terroriser la vieille du premier rang.


LA VIEILLE DU PREMIER RANG : Arrêtez !


L'HOMME PRATIQUE : Oui. La vieille du premier rang pourrait se dresser de son siège, enlever son talon puis énucléer un pauvre. Une sorte de nouvelle lutte des classes comme ça. Un combat extraordinaire. Sauvage. Athlétique. Et le couple roulerait à travers le théâtre. Et la salle commencerait à fleurer bon les arènes, et la sueur commencerait à coller aux cheveux, aux vêtements commencerait à tout rendre transparent, ils seraient complètement nus nos combattants, et la foule hystérique commencerait à encourager les lutteurs, à choisir son camp, oui, la foule débridée se mettrait à hurler des insanités, la foule chauffée à blanc, excitée, prise d'une pulsion de voyeurisme se mettrait à hurler " à poil la vioque, montre-nous tes fesses !", des horreurs comme ça, la foule incontrôlable serait prise d'un violent accès de vulgarité alors, la vieille soulevée par ses fans, par les sifflets, les huées, enivrée par l'odeur de la suée du pauvre, releva le défi, oui, à croupetons sur le pauvre, elle se mit a déboutonner un par un, et avec une dextérité extrême, les mille boutons de nacre qui retenaient sa chemise de flanelle, puis, avec un sens inné du show, elle fit tourbillonner son petit chemisier puis l'envoya valser dans la foule délirante qui se mit aussitôt à le palper, le humer, comme une relique, oui, puis elle continua son effeuillage, galvanisée par les salves d'applaudissements, oui, elle ôta son tailleur de secrétaire, ses gaines, ses jarretelles, et puis elle exhiba ses cuisses longues, profilées, des cuisses d athlète, et elle était satisfaite de s'exhiber ainsi, jamais de sa vie elle n'avait connu tant d'intensité, et le pauvre aussitôt tomba éperdument amoureux d'elle, ils se mirent à se caresser sous les yeux de la foule médusée, et tout le monde se taisait car on ne savait plus trop quoi dire devant tant d'anomalie, puis, comme souvent paraît-il dans les moments de grand bouleversement, de cataclysme, de tremblement de terre, les gens furent saisis d'un désir brusque, irrationnel, d'absolument immédiatement perpétuer l'espèce sur-le-champ, un désir compulsif, incandescent, ils se mirent à se ruer les uns sur les autres, à s'escalader en perdant toute notion de dignité, d'esthétisme, d'élégance, et sans discernement, ils se mirent à copuler comme des bêtes, oui, alors on assista dans le théâtre à une orgie incroyable et les femmes avaient trop chaud.


LE CHŒUR DES VIEILLES : J'ai chaud vous n'avez pas chaud vous j'ai chaud soudain j'ai tellement chaud.


L'HOMME PRATIQUE : Et ce soir-là, tout le monde oublia ses petits différends, et toutes les petites querelles furent balayées par un vent fou, une tornade sexuelle, oui, balayés les dettes des uns, l'ennui des autres et le chagrin, et la femme du juge était chevauchée par un nègre, un haïtien, elle n'en revenait pas c'était bon mon Dieu, oui, les femmes basculaient la tête en arrière, elles fermaient les yeux. Non. Il n'était plus vraiment question de hiérarchie sociale, de procès, de corruption. Et les hommes se prenaient pour Dionysos, ils brandissaient leur thyrse, ils secouaient leur chevelure de lierre, et de cette union sauvage, improbable, naquirent les hommes de terre.


LES HISTRIONS : C'est nous. C'est toujours nous. Fils de la poussière de l'arène, du théâtre, fils des haillons des gueux et de l'or des nantis. Éternellement hybrides. Assoiffés de reconnaissance. Fils naturels. Bâtards.


L'HOMME PRATIQUE : Et forcément, après, tout le monde se recoiffa dans un silence de mort, oui, car tout le monde eut honte de s'être livré à une telle bestialité, tout le monde fut écœuré, et les dames jamais plus ne voulurent sortir au théâtre, et tout le monde se détesta, et nous restâmes en tas. En charnier hurlant sous les projecteurs, et nous survécûmes juste pour vous raconter cette histoire. [...]"

Les esprits écoutent





A l’occasion de l’ouverture du Musée du Quai Branly à Paris, l’ethnomusicologue Henri Lecomte a réussi à rassembler une trentaine de chamanes venus des 4 coins de la Sibérie et à les entraîner jusqu’au pays lointain (comme ils disent) nous permettant de découvrir le large éventail de ces cultures anciennes.


Le mot chamane vient de la langue Evenks (une branche du peuple Toungouse). Le chamanisme (ou technique de l’extase selon Mircea Eliade), est un mélange de magie et de religion animiste sans liturgie. Le chamane peut être un guérisseur, un sorcier, un prêtre, un devin qui dialogue avec les esprits par le moyen de la transe au cours de rituels où la fonction musicale est fondamentale.


Ce spectacle se déroulait en trois parties. La première était consacrée aux tambours chamaniques des peuples d’extrême orient et des peuples toungouses. Chasseurs de mammifères marins ou éleveurs de rennes, leurs chants savent recréer à merveille l’ambiance de la toundra (je pense particulièrement au chanteur Tchouktche, la qualité de son imitation des aigles, ours et autres rennes était hallucinante !). Leurs étranges tambours plats qui se tiennent dans une seule main rendent un son très impressionnant.


La deuxième partie était entièrement consacrée à la fête et aux jeux de l’Ours. Cet animal, dont normalement il ne faut jamais prononcer le nom, est un personnage central des épopées sibériennes. J’ai toutefois trouvé cette partie du spectacle plus ennuyeuse, les chants étaient très doux et l’accompagnement musical quasi inexistant.


Comme la soirée s’étirait en longueur j’ai failli abandonner la place mais l’intervention d’un ami qui est venu papoter avec moi pendant l’entracte m’a empêchée de prendre la poudre d’escampette et bien m’en a pris parce qu’alors j’aurais raté la troisième partie ! Et là, chef d’œuvre ! Exclusivement consacrée aux voix de gorges et chants diphoniques des peuples de langue mongole (Bouriates, Touva, Altaïens). La beauté de leur prestation accompagnée par des musiciens virtuoses (j’avais oublié l’usage prodigieux que ces peuples faisaient – entre autres – de la guimbarde) m’a littéralement donné la chair de poule !


Dans le chant diphonique, le chanteur (ou la chanteuse, mais c’est récent, ces peuples pensaient jusqu’à aujourd’hui que cette pratique rendait les femmes stériles) chante simultanément une note tenue (ou bourdon) et une mélodie harmonique (comme un sifflement), cette technique est particulièrement maîtrisée par les Touvas et les Altaïens. Les Sakhas ont également des techniques très diverses faisant appel aux coups de glotte et au yodel.


La soirée s’est terminée par une véritable cérémonie propitiatoire par un chamane authentique, dommage qu’à cette heure les gens aient commencé à s’assoupir (1 heure ¼ du mat quand même, en semaine, dur !), je pense que cela a nuit à la concentration du vieil homme, j’ai l’impression qu’il n’était pas vraiment en transe, bah, je me fais peut-être des idées…je pensais juste que ce serait plus impressionnant !


Vous trouverez de passionnantes informations sur le chant harmonique et les chants Touva sur le site de Philippe Barraqué http://www.planetevoix.net/news.html


Plus de précisions sur le concert et un extrait audio à ne pas manquer (très représentatif du spectacle), rendez-vous sur le site d’Henri Lecomte : http://www.adem.ch/concerts07/programme_siberie.html


Un autre genre de voix de gorge ici avec le groupe Huun-Huur-Tu : http://world.abeillemusique.com/ecoute.php?numnl=060

Sizwe Banzi est mort

Cette pièce d’Athol Fugard, mise en scène par Peter Brook – le génial créateur de l’œuvre phare « Le Mahabharata » (9 heures de bonheur absolu) - est un voyage. Un voyage au cœur des drames de la vie quotidienne dans les townships. Une ballade à l’Africaine, toujours entre le rire et les larmes. On rit beaucoup, un rire cruel pour lutter contre la dureté de la vie ordinaire.

Le système de l’Apartheid est dénoncé à travers la quête de Sizwe Banzi pour récupérer un « pass », le pass sans lequel travailler, se marier ou même faire ses courses est impossible. La quête de Sizwe finira par un tour de passe-passe identitaire qui le conduira à se laisser convaincre de prendre la place d'un mort. Un sujet grave traité avec un humour décapant, voila qui secoue salutairement nos convictions d’occidentaux bien pensants !

La pièce, interprétée par deux acteurs africains francophones vraiment formidables : Habib Dembélé et Pitcho Womba Kinga, commence comme un conte, le récit des déboires de Styles au sein de son usine Ford, puis s’enchaînent les tableaux, nous amenant à comprendre la trame du récit. Un décor minimaliste (typique de Peter Brook) avec des acteurs sans cesse en mouvement qui occupent la scène, modifient l’espace avec trois accessoires et glissent avec bonheur d’un personnage à l’autre, la fusion avec le public est réelle et les résonances avec l’actualité parfois douloureuses. Une grande soirée !

Extraits :

"Un homme noir pourrait ne pas avoir de problème ? dit Sizwe à son ami Buntu, avant de conclure "impossible ! Le problème c'est notre peau!"

"On doit comprendre une chose. Nous ne possédons que nous mêmes - ce monde avec ses lois ne nous donne rien d'autre que nous mêmes - nous ne laissons rien derrière nous quand nous mourons - rien sauf la mémoire de nous."

"Qu'est-ce qui se passe dans ce foutu monde ? Qui veut de moi mon ami ? Qu'est-ce qui ne va pas avec moi ? Je suis un homme - j'ai des yeux pour voir - des oreilles pour entendre les gens quand ils parlent - j'ai une tête pour penser des choses bien - qu'est-ce qui cloche avec moi ? Regardez-moi, je suis un homme - j'ai deux jambes - je peux courir avec mes deux jambes - je peux courir avec une brouette pleine de ciment ! Je suis fort ! Je suis un homme ! Je suis circoncis, oui, regardez-moi ça, Madame."

Le bootleg, vous connaissez ?

Source Wikipedia :

"Le terme bootleg a été détourné par le milieu des DJ pour désigner l'art de mixer deux chansons pour en faire une troisième. On retrouve la notion de détournement de chanson mais respectueuse des artistes bootlegués (le mot se francise et se conjugue). Un bootleg est usuellement désigné par les noms des deux artistes bootlegués, séparés par le signe VS (versus), éventuellement accompagné du DJ auteur du mixage. Ce "style" s'appelle aussi mashup ou tout simplement medley."

Bon ça c'est la définition "officielle", il me semble que ça n'est pas exactement un medley, plutôt un chanteur qui chante son texte sur la musique d'un autre, c'est surprenant parfois, toujours intéressant. L'exemple choisi n'est pas forcément le meilleur, mais il faut avouer que Cali est quand même une bête de scène !Alors lorsqu'il rencontre U2 et White Stripes via DJ Zebra, ça donne ça en direct-live, merci Taratata ! (et merci à Ludo qui m'a fait découvrir le bootleg ;-))

http://www.youtube.com/watch?v=pjNp2knoOEU

7 choses

JC la plume de l'excellent blog Topinambours et Billevesées http://topinambours.over-blog.com/ m'ayant invitée à répondre à ce petit questionnaire, je vous livre le résultat de mes cogitations :

7 choses que vous faites bien

- Faire preuve d’empathie – mais c’est parfois un peu difficile à supporter pour moi, je souhaiterais pouvoir afficher plus de détachement

- Travailler comme une bête de somme – je dois avoir récupéré quelques gènes de Stakhanov au gré des pérégrinations de mes ancêtres… ça fait le bonheur de mes patrons (mais comme je suis pénible j’exige d’eux un minimum de reconnaissance), il faut tout de même que je sois motivée par la tâche sinon je deviens la reine de la résistance passive !

- Faire fonctionner mon imagination – je peux passer des heures à rêver, imaginer une suite à la vie des gens que j’ai croisé dans le bus. Je préfère mettre des couleurs dans leur quotidien.

- Perdre mon temps – comme je travaille beaucoup (voir plus haut) j’ai besoin de longues périodes de récupération pour me reconstruire nerveusement, et là je ne fais RIEN : un bon bouquin, une musique qui apprivoise mon humeur du moment, un GRAND café et laissez-moi tranquille…

- Redonner confiance aux gens – c’est incroyable ce que de petites choses peuvent enrayer la capacité des gens à être heureux, il suffit de trouver l’angle d’attaque, de gratter un peu la carapace, de caresser un peu là ou c’est tout doux et ils brillent comme des soleils !

- Refaire le monde avec mes amis – ça doit être mon côté étudiante sur le retour…de préférence autour d’un verre, ça désinhibe.

- Procrastiner – pour toutes les choses qui ne m’intéressent pas. Le ménage qui sera aussi bien fait demain, la tapisserie qui commence à se décoller…et bien entendu j’ai toujours d’excellentes raisons pour ne pas le faire tout de suite !

7 choses que vous ne pouvez/ne savez pas faire :

- Mentir – je trouve cela insupportable – et toute relation qu’elle soit amoureuse, amicale ou professionnelle est pour moi basée sur la confiance alors…

- Le calcul mental – les calculs d’addition ont vraiment un petit air du sketch de Muriel Robin avec moi, alors n’espérez même pas me confier un budget (bah pourtant j’en ai déjà géré un maintenant que j’y pense, mais il me fallait une concentration disproportionnée)…d’ailleurs je ne fais jamais mes comptes, mais j’adapte naturellement mon train de vie à mes revenus, vieux réflexe de pauvre.

- Regarder une araignée dans le blanc des ses petits yeux rouges – je suis phobique, beurkkk !
- Laisser tomber complètement mes défenses – la vie m’a un peu cabossée, comme tout le monde, alors je me protège…

- Dessiner – vous vous rappelez des dessins que vous faisiez en maternelle sup’, ben voilà, c’est comme ça que je dessine.

- Jouer – je n’ai jamais compris le frisson que le jeu provoque chez certaines personnes, pour moi, dès qu’il y a une part de hasard ça devient injuste, donc insupportable.

- Fumer – je n’aime pas l’odeur, ça m’irrite direct la gorge (bonjour le cancer en deux ans) et me donne une voix de vieille p… euh…bonne femme aux mœurs dissolues.

7 choses qui vous attirent dans le sexe opposé :

- les mains – longues, fines et musclées à la fois, avec les veines légèrement saillantes, on à l’impression d’en sentir déjà la caresse

- la voix – chaude et grave, elle me captive et m’ensorcelle et si en plus le discours est intelligent, je fonds.

- le parfum – sa signature olfactive, agrumes et bois ou non, pourvu qu’il lui aille. Il m’est arrivé de suivre un homme dans la rue simplement pour le « sentir »

- le regard – profond et chaleureux, quand il devient rêveur et qu’il se tait, quand il me regarde vraiment.

- la capacité d’action – pour m’entraîner quand je tergiverse

- la douceur – on parle toujours de celle des femmes, mais ce n’est pas pour rien si je préfère être soignée et coiffée par des hommes

- le sens de l’écoute – parce que…c’est indispensable pour que je sois attirée (quoi c’est nul comme argument ? oh zut hein si je développe j’en ai pour une demi page alors non !).

7 choses que vous dites souvent :

Hum, vaudrait mieux éloigner les enfants…
- Put…, m…., y font ch… tous ces c…, quelle bande d’abrutis, de cas soc’, crétin des Alpes, pauv’cloche, affreux jojo, quel vilain…

- J’hallucine ! (pourtant je ne fume pas de chichon, non, non)

- Arrête tes vilainies (quand mon adjoint essaie, maladroitement, de me brancher)

- Doux Jésus Sainte Anne bénie (résidu de mon éducation Judéo-Chrétienne)

- Quelle Truffe (souvent en parlant de moi !)

- C’est pas gagné ! (c’est incroyable le nombre de gens « durs de la comprenette » qui nous entourent !)

- Il reste du café ? (variante : si j’en refait quelqu’un en prend ?)

7 célébrités que vous aimez bien :

- Simone Veil – parce que c’est une survivante, qu’elle a fait beaucoup pour la condition des femmes, qu’elle est une européenne convaincue.

- Ahmad Shah Massoud, le Lion du Panshir – parce qu’il n’a jamais renoncé à se battre pour permettre à son pays de rêver à un meilleur avenir, chef de guerre visionnaire, épris de liberté, passionné de poésie et de littérature, sa fin m’a bouleversée.

- Nelson Mandela – avoir encore l’esprit combatif après 26 ans de prisons, c’est déjà exceptionnel, mais profiter de sa liberté toute neuve pour aider un pays qui ne lui avait pas fait de cadeau à sortir de l’apartheid et à instaurer la démocratie, ça valait bien le prix Nobel de la Paix

- Gabriel Mouesca – Figure emblématique du mouvement Iparretarak, un homme de convictions qui s’est évertué à résister aux 17 années passées dans les geôles de la République sans perdre son âme. Il a réussi sa réinsertion devenant, dans un premier temps, Chargé de Mission auprès de la Croix Rouge puis, désormais, président de l’Observatoire International des Prisons.

- Kenneth Branagh – acteur et metteur en scène de génie, le meilleur adaptateur de Shakespeare à mon avis, mais j’aime aussi ses créations.

- Olivier de Kersauzon, parce que j’aime les marins, parce que derrière le côté bourru il y a un poète qui parle de ma région comme personne : « Brest la Blanche », c’est comme cela qu’on appelle la ville lorsqu’on la voit de la mer…

- Paul Auster – Un de mes auteurs préférés, j’ai toujours l’impression que ses personnages sont au fait de mes pensées les plus secrètes, c’est déroutant.

7 personnes dont vous voudriez qu’elles répondent à ce questionnaire :

Celles qui passeront par ici…

Taoub

Dans l’histoire du Maroc, l’acrobatie est à l’origine une tradition guerrière dans laquelle les acrobates sont regroupés en confrérie et appelés Rma, c’est-à-dire : les combattants.
Elle a ensuite été cultivée pour elle-même, dans un but artistique. Aujourd’hui, les familles d’acrobates perpétuent la tradition de leur maître fondateur Sidi Hmad ou Moussa, né en 1450, chef d’une grande confrérie soufie de la région du Souss dans le sud du Maroc.
Sur le plan technique, l’acrobatie marocaine est très différente de l’acrobatie occidentale : elle est moins rectiligne et fait appel à des mouvements circulaires.

Taoub signifie « tissu » en arabe, ce tissu est omniprésent pendant le spectacle devenant le principal accessoire et le seul partenaire. Il est tour à tour écran, dune de sable, robe de mariée, ou trampoline, il dissimule ou met en valeur.
Rencontre entre la tradition et le cirque contemporain (la mise en scène du français Aurélien Bory y a probablement quelque part), Taoub voyage entre Orient et Occident, chants populaires a cappella, théâtre d’ombres, images vidéos captées en direct par les interprètes. C’est souvent désopilant, toujours impressionnant. Le spectacle est basé sur la confiance, l’alliance de tous pour ne former qu’un seul corps acrobatique, tout se passe avec une facilité déconcertante parce que chacun est à sa place, le tissu devient alors le lien entre les individus.

Taoub est porté par 12 acrobates de Tanger, parmi eux, la famille Hammich, acrobates de pères en fils depuis sept générations.

Quelques photos ici : http://www.sortir16.net/cpg/thumbnails.php?album=36

Trio autour du condamné à mort - Philippe Calvario

Je ne vois vraiment pas ce que je pourrais rajouter à ce texte de Jean Genet superbe, lyrique, dense, cru parfois, adapté et déclamé par un Philippe Calvario habité. Il faut le lire.

La musique d’accompagnement, légère d’abord, avait parfois des emportements qui la menait quelque part entre le slam et Noir Des’. J’ai été obligée de quitter la représentation au bout de cinq minutes le premier jour à cause d’une quinte de toux intempestive, heureusement j’ai pu revenir le lendemain et je ne l’ai pas regretté.

Pour vous convaincre, s’il en est besoin :

Le condamné à mort (extrait)

« Sur mon cou sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.

Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.

Le ciel peut s’éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l’herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.

Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.

Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour.

Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l’escalier plus souple qu’un berger,
Plus soutenu par l’air qu’un vol de feuilles mortes.
Ô traverse les murs ; s’il le faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant la mort.

Pardonnez-moi mon Dieu parce que j’ai péché !
Les larmes de ma voix, ma fièvre, ma souffrance,
Le mal de m’envoler du beau pays de France,
N’est-ce pas assez, mon Seigneur, pour aller me coucher.

Trébuchant d’espérance
Dans vos bras embaumés, dans vos châteaux de neige !
Seigneur des lieux obscurs, je sais encore prier.
C’est moi, mon père, un jour, qui me suis écrié :
Gloire au plus haut du ciel au Dieu qui me protège,
Hermès au tendre pied !

Je demande à la mort la paix, les longs sommeils,
Le chant des séraphins, leurs parfums, leurs guirlandes,
Les angelots de laine en chaudes houppelandes,
Et j’espère des nuits sans lunes ni soleils
Sur d’immobiles landes.

Ce n’est pas ce matin que l’on me guillotine.
Je peux dormir tranquille. À l’étage au-dessus
Mon mignon paresseux, ma perle, mon Jésus
S’éveille. Il va cogner de sa dure bottine
À mon crâne tondu. »

Jean Genet

Limb's Theorem - William Forsythe




« Je cherche simplement à mener le ballet à de nouvelles définitions de ses limites. La grande différence entre hier et aujourd’hui réside dans la façon de bouger et de concevoir l’espace où l’on se meut. Bienvenue à ce que vous croyez voir. » William Forsythe


Je suis toujours fascinée par les spectacles de danse, contemporaine surtout. J’admire à la fois la beauté du geste, fluide et puissant, et celle des corps, sculptés jusqu’au plus infime muscle. La musique apporte une charge émotionnelle supplémentaire, elle suggère l’atmosphère, installe l’ambiance…


De William Forsythe, le chorégraphe, je ne connaissais pas même le nom (inculte que je suis) mais j’avais déjà pu profiter du talent des danseurs du Ballet de Lyon. Sa définition de la danse contemporaine m’a touchée, c’est exactement ce qui me fait aimer cet Art, cette part belle laissée à l’imagination, elle est ce que l’on veut en faire, elle est tous les univers possibles…


Ce spectacle se déroule en trois partie où prédominent les effets de clair-obscur, un projecteur déplacé par les danseurs eux-mêmes baignant la scène d’une lumière dorée. La musique (de Thom Willems) est envoûtante, une sorte de musique électronique avec des rythmes très lourds. Les mouvements sont alternativement lents ou très rapides, avec des solos absolument remarquables. Ils sont techniquement parfaits même s’ils ne sont pas « académiques », Forsythe part de la base classique et recrée quelque chose de nouveau, son propre style épuré, délié, fluide et rapide, les corps des danseurs devenant semblables à des sculptures mouvantes. Les éléments de décor, d’énormes pièces parfois mobiles, suspendues en l’air, s’inscrivent au sein de la chorégraphie, pour devenir supports à la danse, en dépassant le rôle passif de simples objets.
La deuxième partie, plus rythmée, avec les solos les plus impressionnants (enfin il y en avait de magnifiques dans chacune des trois parties…) a ma préférence. Mais c'est le spectacle entier que j'aimerais revoir, car c'est tout un univers que l'on y découvre et je n'en ai pas encore fait le tour...

Tristan da Cunha - l'archipel de la désolation



Passer la soirée devant Thalassa vendredi, m’a fait redécouvrir une île dont j’avais oublié jusqu’à l’existence : Tristan da Cunha, l’archipel de la désolation, l’île habitée la plus isolée au monde.


Cet archipel perdu aux confins de l’atlantique sud dont les plus proches voisins sont l’île de Sainte Hélène et la ville du Cap en Afrique du Sud (bon à 2300 kms pour l’une et 2700 kms pour l’autre quand même…), est composé de quatre îlots : Tristan elle-même, Gough, Inaccessible et Nightingale. Le climat, bien que rude puisque soumis aux dernières attaques des 40èmes rugissants, tous proches, y est de type océanique tempéré.


La principale île et la seule habitée toute l’année est Tristan. Sa superficie est d’environ 98 km² dont la plus grande partie est occupée par le volcan qui en occupe le centre. Le seul endroit habitable est un petit plateau situé au pied du volcan sur lequel se situe Edimbourg des Sept mers (Edinburgh of the Seven Seas, in english dans le texte, c’est-y pas joli comme petit nom ?), l’unique ville de l’archipel connue localement comme « The settlement » (la colonie).

L’île de Nightingale, quant à elle, sert de lieu de villégiature aux habitants de Tristan qui y possèdent des cabanes et vont y passer leurs vacances.

L’île principale a été nommée d’après le nom de l’amiral Portugais Tristao da Cunha qui découvrit l’archipel en 1506 alors qu’il faisait route vers le cap de Bonne Espérance. L’archipel n’ayant aucun intérêt stratégique ni aucune ressource naturelle à exploiter, ne fût pas habité dans un premier temps, l’exil de Napoléon à Sainte Hélène amena toutefois les Anglais à y entretenir une petite garnison (on ne sait jamais avec ce diable de Corse). A la fermeture de celle-ci en 1817, un petit groupe, à la tête duquel on trouvait un écossais du nom de William Glass, et composé de sa femme Sud-Africaine Maria, leur deux enfants et deux maçons du Devon Samuel Burnell et John Nankivel ont persuadé le commandant de la garnison britannique de les laisser sur Tristan. Ils instaurèrent une communauté basée sur un partage égal des biens et des profits et un engagement à ne pas laisser quelqu’un avoir une quelconque supériorité sur les autres. Une sorte de micro société communiste idéale et qui fonctionne toujours, sans doute parce que les gens, du fait de l’éloignement, sont moins soumis qu’ailleurs aux sirènes de la société de consommation. La communauté s’agrandit toutefois au gré des naufrages et des mariages (on est obligé d’aller chercher 5 femmes en Afrique du Sud en 1827). En 1832, la population de Tristan s’élève à 34 personnes (6 couples et 22 enfants). Petit à petit s’installent ceux qu’on appelle les fondateurs et dont les 7 patronymes sont toujours les seuls présents sur l’île. La pire période d’isolement de Tristan eut lieu pendant la 1ère Guerre Mondiale lorsque l’amirauté britannique a renoncé à son voyage annuel vers l’archipel (comme elle l’avait déjà fait pendant la guerre des Boers). On dit que Tristan n’a reçu aucun courrier pendant 10 ans jusqu’à ce que le HMS Yarmouth apporte des nouvelles de l’armistice en juillet 1919. La communauté a toutefois continué à prospérer, bon an mal an, devenant indépendante des subventions britanniques grâce à la conserverie de langoustes et à la vente des timbres postes. De nos jour l’archipel est ravitaillé par la visite semestrielle du RMS Ste Hélène ou du SA Agulhas, ainsi que par le passage de bateaux de pêches (Edinburgh et Kelso).


L’île est maintenant dotée, d’un hôpital, d’une poste, d’une piscine…mais faire des études et prendre une épouse demande toujours une expatriation temporaire. Bien que sujet d’études génétiques, aucune pathologie directement liée à la consanguinité n’a pu être détectée sur Tristan, excepté un taux de sujets atteints d’asthme largement supérieur à la moyenne, mais ceci tient plus de l’hérédité et du contact prolongé avec des fumées d’origine volcanique.


En Octobre 1961, le volcan entre en éruption, les 260 habitants sont obligés d’évacuer l’île pour aller se réfugier dans un premier temps dans leurs cabanes sur Nightingale. Le gouvernement britannique devra les récupérer sur l’îlot pour les rapatrier vers Southampton espérant les voir abandonner définitivement l’île la plus isolée du monde qui, dans l’esprit des bureaucrates, n’avait jamais été autre chose qu’un établissement temporaire où les conditions de vie trop difficiles et la rudesses des éléments rendaient toute idée d’implantation pérenne des plus farfelues. Deux ans plus tard, la plupart des 260 Tristanais demandaient à retourner chez eux, rejetant définitivement les mirages du boom économique des 60’s. Hervé Bazin se serait inspiré de cet événement pour écrire « Les bienheureux de la désolation », ça me donne envie de le lire…


Je me demande ce qu’il peut advenir de cette communauté originale maintenant que les moyens de communication modernes (internet est finalement arrivé là-bas) ont rendu leur isolement moins grand…Bah, Tristan demeure une destination inconnue des circuits touristiques et y passer même un petit séjour (soumis d’ailleurs à l’accord préalable de l’administrateur de l’île) relève du parcours du combattant. Il reste encore des endroits dans ce monde qui se méritent !

Jusqu'à ce que Dieu soit détruit...

...par l'extrême exercice de la beauté.

C’était le titre du spectacle. Pas banal. C’est d’ailleurs ce qui m’avait attirée de prime abord, ainsi que la critique élogieuse sur les qualités de la chorégraphe que j’avais pu lire dans la documentation gracieusement envoyée aux abonnés de ce magnifique lieu dédié à la culture. J’aime la danse, c’est un fait, et la danse contemporaine plus encore.

C’est donc l’esprit ouvert et le sourire aux lèvres que je me dirigeai ce soir-là vers le théâtre. Mon enthousiasme naissant a été rapidement refroidi par une longue attente : dans la rue, puis en haut de l’escalier (ils empêchaient même les gens de descendre pour aller aux toilettes, impressionnant !) et enfin devant la porte de la salle. On nous autorise enfin à pénétrer dans le saint des saints en nous invitant à nous placer au plus près des performers (déjà le terme me crispe, j’étais venue voir des danseurs) – je comprends d’emblée qu’il n’y a pas beaucoup de monde dans la salle. Les performers sont déjà là, assis sur 6 chaises côtes-à-côtes, face au public, ils n’esquissent aucun mouvement, le regard fixe. On s’installe, on fait silence…toujours rien côté scène. 5 minutes plus tard (c’est long 5 minutes quand rien ne se passe…) léger mouvement sur les chaises, ils s’adossent plus commodément (des crampes ? le commencement de quelque chose ?). Pas de musique, pas de décor. Tout d’un coup ils commencent à parler, tous ensemble, en anglais « We are a group » « we love to talk together » « we love machines » « do you feel all right ? » au début on répondait un peu, on croyait que c’était une sorte d’introduction, on attendait le mouvement, la musique, mais rien…petits rires nerveux ici et là…

Bref tout cela a duré pratiquement 2 heures, ils n’ont bougé de leur chaise que pour les changer de place sur la scène (d’ailleurs au moment où ils ont tourné le dos au public, la moitié de la salle en a profité pour sortir, pas très courageux ça…). J’ai tout de même admiré la performance, il y avait du sens quand on y pensait, de l’humour beaucoup, surtout basé sur la distorsion des mots et les onomatopées, mais bon je me suis sacrément ennuyée.

La rue de Saint Malo - revival !




Du temps de Colbert, les juges royaux ayant signalé une nette croissance de la prostitution à Brest, les " filles de mauvaise vie " (souvent des femmes seules, rejetées par leur famille et n’ayant que ce choix pour ne pas mourir de faim) transférées à la prison de Pontaniou, sont enfermées dans un nouveau bâtiment appelé " La Madeleine " ou refuge royal, dont la direction est confiée aux sœurs Saint-Thomas de Villeneuve. Ce bâtiment était à l’emplacement de ce mur qui sépare aujourd’hui la rue de Saint-Malo du Cours de la Madeleine :
En entrant au refuge Royal, elles étaient marquées au fer rouge de la fleur de lys. Elles étaient brutalisées comme l'usage le voulait à cette époque où les mauvais traitements prétendaient guérir tous les maux de la société, elles étaient ensuite utilisées pour tanner des voiles pour la Royale. Certaines de ces femmes étaient là parce que leurs familles voulaient se débarrasser d’elles parce que leur vie n’était pas conforme aux mœurs en usage. On trouvait la prison d’un côté, l’autre partie était un orphelinat pour recueillir les veuves d’officiers qui n’avaient plus de ressources ou les femmes dont on ne savait plus quoi faire, malade mentales entre-autres. Le roi les pensionnait, elles étaient aussi enfermées, pas de la même façon que les prostituées, mais enfermées néanmoins.



La belle Tamisier, bru du tambour-major de la ville, y est enfermée en 1782 pour cause de mauvaises moeurs. Elle dit « si on m’enferme ici, je ferai mon carnaval » et dix jours après elle y met le feu, le dimanche des Gras elle fait brûler l’édifice. 31 femmes dont 4 religieuses périrent dans les flammes. Encore un évènement qui a dû contribuer à la bonne réputation du quartier...
La rue est demeurée populaire au fil du temps, royaume des marins, des filles, de l’alcool…puis des ouvriers et des marginaux, c’est le quartier le plus pauvre de la ville.




Pendant la seconde guerre mondiale, les premiers bombardements de la ville commencent en 1941 et dureront jusqu'à la libération en septembre 1944 par les troupes américaines après un siège de 43 jours. Il ne restait alors, plus rien du vieux Brest mais la rue Saint Malo a résisté aux bombes. Cela ne fera que contribuer à sa marginalisation, "comme si tout Brest était contre cette rue, cette saleté, cette blessure. Comme si le peu qui reste de la ville devait être détruit pour oublier", explique Ramin Fardad. Au fur et à mesure des ans, les maisons du bas-quartier n'accueilleront plus que les eaux de pluie, la moisissure, quelques paumés, des personnes âgées ou des couples peu fortunés qui vécurent là jusque dans les années 50, avant d'être relogés. L'eau courante et le gaz sont installés puis retirés au fur et à mesure des abandons. Dans les années 70, diverses associations s'y installent, autrefois les néonazis, aujourd'hui les anarchistes ou encore l'association Vivre La Rue qui se bat pour faire revivre le quartier à coup de festivals et spectacles de rue. C’est tout ce qui reste du patrimoine Brestois et il est impératif de préserver cet endroit plein de charme.



Aujourd’hui, les choses semblent enfin prendre forme concrètement et la réhabilitation est en marche :
« Un chantier de consolidation et de rénovation des maisons est en préparation. Il pourrait démarrer cet automne. L'aménagement d'ateliers d'artistes, de logements et d'un petit théâtre est toujours en projet.
La célèbre rue de Saint-Malo s'apprête à faire peau neuve. Les belles et vieilles maisons (une quinzaine) devraient bientôt être restaurées et surtout consolidées. Il y a, en effet, urgence. La disparition des anciennes couvertures en ardoise ou en zinc fragilise ces bâtiments. La terre argileuse des mortiers est régulièrement lessivée par les eaux de pluie. Cette vaste rénovation a été confiée à Xavier Barruhet, originaire du Doubs, domicilié à Gaël en Ille-et-Vilaine. Diplômé de l'école d'architecture de Paris et spécialiste de bio-construction, il est l'un des membres de l'association « archi-bio ».
Le chantier devrait pouvoir démarrer dans le courant de cet automne. Il durera, au minimum, de quatre à six mois. Il s'agira, tout d'abord, de retirer les végétaux plus qu'envahissants. « En parallèle, démarrera une période d'observation et de surveillance, afin d'évaluer l'évolution des constructions de la rue. » Les éléments stables seront, bien sûr, protégés. Ceux jugés instables (certains pignons, des cheminées) seront démontés et reconstruits si possible, vers le début du printemps 2007. Les matériaux traditionnels seront généralisés, notamment les mortiers de terre ou de chaux. En parallèle, des travaux de couverture seront entrepris aux numéros 19, 23 et 25.
Outre cette importante tranche de travaux, Xavier Barruhet et les membres de l'association « Vivre la rue » ont toujours une autre idée en tête. Ils veulent redonner une nouvelle vie à ce célèbre quartier brestois, jouxtant le plateau des Capucins. Un dossier a été présenté en juillet à l'architecte des bâtiments de France, puis à la rentrée aux élus. L'idée est d'aménager des ateliers d'artistes ou des galeries d'art au rez-de-chaussée des maisons, et de créer des logements dans les étages. La construction d'un petit théâtre de 80 places est, par ailleurs, envisagée au numéro 19. Il serait dédié aux petits spectacles et aux répétitions.
Le bio y sera omniprésent : récupérateurs d'eau de pluie, W-C secs, panneaux solaires... « On pourrait faire de ce quartier un lieu de formation aux techniques bio, unique en France. » Les élus semblent être intéressés. « À eux maintenant de donner l'impulsion. C'est à eux de décider de faire ou de ne pas faire. Nous pourrions très bien travailler main dans la main avec Bruno Fortier, l'architecte choisi pour réaménager les Capucins. » Xavier Barruhet estime que son dossier « avance bien. Jacques Quillien, maire-adjoint de Saint-Pierre, et l'architecte des bâtiments de France y voient un réel intérêt ». L'objectif est de réinjecter de la vie rue de Saint-Malo.
Yves-Marie ROBIN. http://www.brestmaville.com/ »


La légende de Rama - Théâtre Khon



Hier soir je me suis offert un dépaysement total à deux pas de chez moi. J’ai assisté à un spectacle de théâtre masqué (le Khon) par le Théâtre National de Thaïlande, quatre représentations seulement en France, deux dans ma ville de province, nous sommes vernis…


Dans le théâtre Khon, l’histoire est interprétée par des danseurs masqués qui ne doivent ni parler, ni chanter, d’où la présence sur scène d’un orchestre et de chanteurs.
Passons sur la musique, je n’ai pas vraiment accroché mais je m’y suis habituée au fil des scènes, restent les costumes, somptueux, et les danseurs dont j’ai beaucoup aimé, pour certains, l’interprétation. Je dis « pour certains » parce que franchement, les prestations des danseuses et de ceux qui jouaient les « princes » étaient par trop statiques pour mon goût d’occidentale. Heureusement il y avait les ogres (Yak) et les singes (ling). Les ogres doivent être grands, athlétiques et leur entraînement est jugé plus difficile que pour les autres rôles. Les singes, quant à eux, doivent être vifs et bondissants (normal comme les vrais). Le danseur qui joue le rôle d’Hanuman, le général de l’armée des singes, doit lui aussi recevoir un entraînement particulier.
Tous les gestes sont extrêmement codifiés, et chaque personnage se doit de les adapter à son rôle. C’est pratique, on peut comprendre ce qui se raconte sans parler la langue une fois qu’on a intégré les bases.


Deux mots sur l’histoire : la Légende de Rama est inspirée du Ramayana hindou, et porte en Thaïlandais le nom de Ramakirti (prononcer Ramakien, d’ailleurs on le trouve le plus souvent écrit de cette manière en occident). Elle raconte les démêlés de Rama, 7ème incarnation de Vishnou, aux prises avec les maléfices du démon Thotsakan, qui a capturé sa femme Sita. Comme toujours cela finira par une guerre dont on ne sait pas qui du Bien ou du Mal l’emportera…


J’ai été éblouie par la beauté de ce spectacle, même si je préfère quand les danseurs bougent un peu plus, mais avec des costumes pareil ça ne doit pas être évident, lol !

Lettres de motivation


Un texte d’une irrésistible drôlerie, en forme d’exutoire à ces hypocrisies et autres cirages de pompes auxquels le chômeur est contraint par les nécessités alimentaires. Ces lettres ne sont pas destinées à être envoyées, mais tout le monde aurait rêvé de les écrire…Laurent Mercier distille la bonne humeur et manie l’ironie avec bonheur, une bouffée d’air frais !
Lettres de motivation – Laurent Mercier (éditions ZULMA)

Extrait :

« Monsieur,
Etait-ce la décontraction du cheveu, le petit côté fin, amusant, de l’œil, la rotondité gourmande de la figure ou plus généralement l’attitude bonhomme que vous affichiez ce jour-là devant l’objectif du photographe, peu importe.
Toujours est-il que votre effigie parue dans la rubrique « En Baisse » du journal Le Point a retenu toute mon attention. La malencontreuse aventure qui vous prive aujourd’hui de votre très légitime promotion à la Direction Générale rend en effet votre visage poupin tellement hors de propos, tellement inapproprié à la circonstance, que s’en est à peine croyable. Les jours se succèdent et ne se ressemblent décidément pas…
Non, vous ne serez pas Directeur Général, en tout cas pas cette année…Oui, les amis d’hier sont nettement moins empressés aujourd’hui…
Cette déchéance ne vous rend pourtant pas moins aimable. C’est pourquoi, à l’heure où le cercle de vos fidèles se restreint, je vous apporte ma plus franche sympathie. A ce témoignage d’amitié, j’ai trouvé opportun d’adjoindre mon curriculum vitae, afin que vous puissiez rapidement prendre connaissance du passé de…

…Laurent Mercier, votre ami dévoué. »

Pure Laine



Les vacances ont certains avantages pour des téléphages tels que moi, elles nous permettent de découvrir les émissions que leur horaire de diffusion nous rend habituellement inaccessibles. Non, rassurez-vous, je ne vais pas vous parler de ma fascination pour Amour, gloire et beauté ou de mes fantasmes concupiscents sur le présentateur des Z’amours. Non…en revanche, en zappant tout en buvant mon café matinal (et néanmoins tardif c’est vrai - non mais ho je ne vais pas me lever à l’aube pendant mes vacances tout de même !) je suis tombée sur l’excellente série diffusée sur France 5 : Pure Laine.


Cette série québécoise nous raconte les tribulations d’une famille représentative des minorités ethniques du Québec et de leurs difficultés d’adaptation aux « coutumes locales ». Tout ceci est bien entendu traité sur un mode humoristique et le ton est assez grinçant puisque le but est de faire tomber les préjugés existants de part et d’autre. Dominique (un black haïtien) à épousé Chantal (québécoise originaire des Iles de la Madeleine) et ils ont adopté une petite fille d’origine asiatique : Ming. Cette sympathique famille évolue dans un monde cosmopolite et leurs mésaventures permettent de prendre conscience des problèmes d’intégration des immigrants dans la société. Cette série pourrait avoir un petit côté moralisateur mais heureusement, comme tout est traité avec humour, il s’agit plus d’un clin d’œil sur les préjugés que nous pouvons avoir (des deux côtés d’ailleurs) que d’un plaidoyer contre le racisme.


J’ai beaucoup aimé ce programme et ce serait vraiment une bonne chose s'il était diffusé à une heure de plus grande écoute…Décidément je ne me lasse pas France 5, il faut absolument que je m’abonne à la TNT pour la recevoir 24h/24 !

Pure Laine est diffusée sur France 5 en semaine à 09h50 (avec une rediffusion le samedi à 19h00)

Une fiction bien tramée !


Qui peut prétendre comprendre les intentions du Tisserand à son métier ? Lui seul sait comment entrelacer les fils des destins entre les univers pour ajouter un pan de plus à la Tapisserie.


La trilogie fantastique de Guy Gavriel Kay « La Tapisserie de Fionavar » va essayer de nous en montrer la trame au gré des mésaventures d’un groupe de cinq étudiants. Ceux-ci, plus ou moins amis, venus assister à une conférence sur les Celtes, seront entraînés par le mage Loren Mantel d’Argent et sa source Matt Soren (ex-roi des Nains) au sein de l’univers de Fionavar, le premier de tous les univers aux prises à la folie destructrice de Maugrim, le mal absolu, celui qui ne peut pas mourir. Ils y apprendront que tout ce qui arrive en Fionavar a des conséquences sur leur propre monde puisque tous les univers du Tisserand sont liés. C’est le début de leur quête, chacun découvrira ses dons et comment il devra s’en servir pour combattre les Ténèbres. Ils y apprendront aussi beaucoup sur eux-mêmes tout en allant au bout de leur destin.


Ce roman est très dense, foisonnant, et s’attache à nous faire percevoir l’évolution psychologique des personnages. C’est cet aspect qui m’a particulièrement intéressée ainsi que le fait qu’il confronte des jeunes gens d’aujourd’hui à un monde qui s’inspire des grands classiques du genre avec la grande bataille de la Lumière contre les Ténèbres, la quête, les races (humains, nains, géants, lios alfar - qui ressemblent à s’y méprendre aux elfes – esprits de la forêt ainsi qu’un tas de créatures maléfiques dont je vous épargnerai le détail). On y découvre aussi une mythologie très détaillée avec dieux et déesses (très largement inspirée de la mythologie celtique), demi-dieux (ici appelés andains), morts presque vivants, vivants pas tout à fait morts et humains dotés de pouvoirs magiques. J’ai eu un peu de mal avec cette succession de héros aux noms imprononçables dont on nous raconte les exploits pour expliquer les événements actuels. Tout cela a malgré tout un air de déjà-vu (depuis Tolkien on n’a pas inventé grand-chose dans ce domaine) – les nains vivent forcément dans les montagnes et se battent forcément à la hâche… je rêve d’un auteur qui décrète que les nains chantent mieux que les elfes, vivent dans des cités lacustres et se battent à l’arc (c’est vrai quoi, soyez anticonformistes, zut !)


Le mythe du héros y est largement développé (le triangle Arthur-Guenièvre-Lancelot arrive à mon humble avis un peu comme un cheveu sur la soupe mais c’est aussi une des véritables originalités du roman) avec les questionnements et inquiétudes qui vont de pair avec ce statut (rédemption, responsabilité, sacrifice…) et les personnages, très attachants, m’ont fait verser quelques larmes (si, si !).


Même si ça n’est pas forcément évident quand on lit ce qui précède, j’ai beaucoup aimé ce roman (il faut dire que je suis une fan du genre), surtout à partir du tome 2 quand j’ai eu assimilé tout le vocabulaire et les noms de toutes les créatures de Fionavar J. Le style est éblouissant et vif et les personnages réussissent à garder leur humour même au plus fort de la tourmente (ce qui pour moi est une grande qualité lol !).

Bel endroit pour mourir...


Aujourd’hui, en me promenant sur le web, je suis tombée sur un superbe site de photographies sur la région d’Etretat. Les célèbres falaises blanches et l’aiguille creuse évoquent souvent des souvenirs, car, même si nos pas ne nous ont pas conduits vers ces rivages, elles ont été vues dans tant de téléfilms et de reportages qu’elles nous semblent familières.
Toutefois, en ce qui me concerne et pour longtemps encore, à chaque fois que je les vois, mon cœur se serre et je pense à R. Alors je me dis qu’il est temps que j’aille y jeter un bouquet de fleurs fragiles et rares comme lui, à sa mémoire…Et tout de suite après les mêmes questions, vaines, qui pourraient se résumer en une seule : pourquoi a-t-il été immoler ses 32 ans et son bel avenir au pied de cette falaise ? Je ne cesserai jamais de me torturer avec ça, c'était mon meilleur ami et je n'ai rien vu venir...

La Tour des Anglais à Damgan



Drôle de tour de celle-là...Bien que morbihanaise je n'en avais jamais entendu parler et c'est un article paru dans un quotidien régional qui a éveillé ma curiosité. Mes recherches sur le net n'ont pas donné grand-chose, excepté l'excellent travail mené par cette association de Damgan (voir le lien à la fin de ce billet), dont je reproduis ci-dessous de larges extraits :


La Tour des Anglais se situe dans la presqu’île de Rhuys, sur la commune de Damgan. On ne connaît pas grand-chose de son origine, de sa date de construction et de son utilité, même si elle a toute l’apparence d’un phare.
Même son nom est un mystère. Le monument n'apparaît sous cette appellation qu'après 1910, sur une carte postale et il ne fut repris sur les cartes géographiques officielles qu'après 1925. Auparavant, toutes les références parlent de la "tour de Penerf".
S’agit-il d’une tour de défense comme le suggèrent les meurtrières et les mâchicoulis ? Peut-être mais, emploi abandonné puisque ces meurtrières ont été bouchés et qu'un fort jouxtait la tour dès la fin du 17ème siècle. Une tour de guet sûrement car elle dresse ses quinze mètres de haut au dessus d'un paysage très plat et les chapelles voisines n'avaient que des clochers relativement bas. Mais enfin, et surtout un ancien phare. Ces fonctions de fanal semblent attestées dans des archives remontant au XVIIème siècle.
On ne connaît pas non plus sa date de construction, même si certains documents prétendent qu’elle a été construite sous François 1er (encore faut-il savoir s’il s’agit du Roi de France (qui règna de 1515-1547) ou du Duc de Bretagne (qui règna de 1442-1450)
Or, le plus ancien des phares encore existant est le phare de Cordouan à l'entrée de la Gironde. Il n'a été terminé qu'en 1610. Encore a-t-il été exhaussé au XVIIIème siècle.
Dans tous les cas, notre tour semble bien antérieure. Elle a été souvent menacée, principalement à deux reprises. La première fois quand Vauban a appuyé sa ligne de fortification sur Belle Île, Houat et Hoëdic plutôt que sur le continent. Sur ces dernières îles, il construisit des tours à mâchicoulis qu'on aurait pu croire de la famille de la nôtre, mais elles avait seize mètres de diamètres. Elles furent détruites par les Anglais en 1746.
La seconde fois, elle devait être remplacée par un phare moderne : c'était en 1837 ; on lui préféra le site de Penlan à 10km plus à l'Est, plus propre à guider les navires vers l'entrée de la Vilaine. Elle a donc très probablement conservé son aspect d'origine. La cheminée du 3ème niveau servait à entretenir un feu qui permettait de réanimer celui du sommet en cas d'extinction. Que brulait-on ?En 1643 le père Fournier, dans son traité d'hydrographie, mentionne déjà des lanternes de quelques flambeaux mais plus souvent des foyers de bois ou de charbon de terre et même des "réchauds de fer remplis de nipes trempées dans du goudran" (sic). La tour de Penerf devait sans doute se contenter du bois de la proche forêt de Rhuys encore omniprésente. Elle ne fut pas équipée de lanternes à réverbération qui s'imposèrent dans la seconde moitié du XVIIIème siècle ; au début du XIXème, elle n'était plus qu'un amer et une tour de guet.
En conclusion, quel que soit le mystère qui entoure encore la date de sa construction, il est indéniable que la "Tour des Anglais" à Damgan est une ancienne tour a feux, ancêtre de nos phares construite vers 1540 ou avant, et à ce titre la plus ancienne sinon la seule existante encore sur nos côtes dans son architecture d'origine.


Sources :

http://ecole-damgan.chez-alice.fr/ddivers/latour.html
http://www.ot-damgan.com/A_la_decouverte_de_Damgan/Penerf/default.aspx?Art=15