Cette émission passionnante, diffusée sur Arte, était consacrée aux Bobos, nos chers bourgeois-bohêmes. « LES BOBOS, c'est un couple, un bébé, une poussette trois roues, le mec pousse la poussette et la femme (rousse) est devant », explique Leslie Brown, une journaliste anglaise installée à Paris dont l’humour décapant est un des charmes de ce documentaire.
Une définition plus « académique » désigne cette « catégorie socioprofessionnelle urbaine, aisée, progressiste qui délaisse les quartiers bourgeois pour des quartiers populaires ».
Le phénomène que le sociologue Jacques Donzelot, interviewé dans le film, nomme dans son jargon la « gentrification », gagne toutes les capitales européennes.
D’après
Wikipédia,
« la gentrification (de gentry, petite noblesse en anglais) est le processus par lequel le profil sociologique et social d'un quartier se transforme au profit d'une couche sociale supérieure. On l'appelle aussi embourgeoisement. »
« L'embourgeoisement se traduit par la rénovation des bâtiments et l'accroissement des valeurs immobilières, elle exerce donc une pression sur les pauvres pour qu'ils se déplacent vers des secteurs moins en demande ». Comme le dit Jacques Donzelot dans l’excellent article paru dans la revue
Esprit :
« Parler d’«entre soi sélectif» à propos de la gentrification peut paraître un contresens si l’on considère que les pionniers de ce processus furent, au contraire, des classes moyennes qui ne craignaient pas de se frotter aux classes populaires en revenant habiter le centre des villes, leurs parties dégradées, pour en goûter le pittoresque. ». (Voir par exemple
The Jam Factory installée dans le quartier le plus populaire de Londres)
« Mais pour bien vendre la ville, il fallait la délivrer de ses «défauts», la désencombrer, l’embellir, y réduire le bruit, la circulation, les mauvaises odeurs, les mauvaises rencontres ». « La gentrification est ce processus qui permet de jouir des avantages de la ville sans avoir à en redouter les inconvénients. Elle génère un produit qui a un prix, financier, propre à attirer ceux qui ont les moyens de se l’offrir et à faire disparaître de sa scène, discrètement, ceux qui ne le peuvent pas. Au terme de ce processus, là du moins où il semble sérieusement avancé, on voit bien le type d’entre soi sélectif que produit la gentrification. » Il n’y a plus de pauvres, plus d’étrangers, on assiste au remplacement d’une population par une autre. D’ailleurs on retrouve les mêmes modes de vie, les mêmes gens, les mêmes attitudes dans toutes les villes gentrifiées. »
Les boutiques traditionnelles sont remplacées par des concept stores, ou l’on trouve des produits culturels (
comme The corner Berlin par exemple à Berlin )
« Les gentrifiés évitent la mobilité contraignante du périurbain, la perte de temps surtout qui en résulte. Ils rééquilibrent en conséquence le rapport entre homme et femme, entre vie familiale et vie sociale. »
« Leur rapport à l’insécurité s’en trouve changé d’autant. Elle ne se situe pas tant dans les espaces publics ou privés que dans les points de rencontre entre leur monde et son dehors, là il se trouve en contact avec l’environnement auquel il veut se soustraire et dans les connexions qui le relient à son ailleurs, au monde. » (pour Paris les stations RER par exemple qui les mettent en contact avec la faune de banlieue, pouah).
J’ai l’impression que la société est de plus en plus divisée en ghettos…avec une moitié des habitants qui bave de jalousie en regardant l’autre vivre, vous avez dit explosif ?